Une quatrième équipe «pouvait passer à l’acte»


Les 830 enquêteurs mobilisés avancent dans la reconstitution des attaques de vendredi. Et pourraient en avoir empêché d’autres, en intervenant, mercredi matin, à Saint-Denis.

Six jours après leur intervention au Bataclan, les hommes du Raid et de la BRI ont de nouveau mené une opération conjointe contre une équipe de terroristes retranchés dans un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un commando qui «au regard de son armement et son organisation pouvait passer à l’acte», selon François Molins, le procureur de la République de Paris. L’assaut de mercredi a débouché sur la mort d’au moins deux terroristes et l’interpellation de huit autres personnes. L’opération a été décidée à partir «d’un témoignage» faisant état de la possible présence sur place d’Abdelhamid Abaaoud, «suspecté d’être l’inspirateur des attentats» du 13 novembre (lire page 3).

«Jusqu’au-boutiste»

A propos de cette nuit qui a ensanglanté Paris et Saint-Denis, faisant au moins 129 morts, les 830 enquêteurs mobilisés ont mis au jour une «importante logistique» au service d’une action «jusqu’au-boutiste». Selon François Molins, les trois véhicules de location utilisés le soir des attentats sont arrivés en région parisienne le 12 novembre, «en convoi», à dix minutes d’intervalle. Deux logements, loués par les frères Abdeslam, ont été identifiés : un à Alfortville, l’autre à Bobigny. Le déroulé de l’équipée sanglante se précise également : trois groupes d’assaillants ont été identifiés. Au Stade de France, trois kamikazes se sont fait exploser entre 21 h 20 et 21 h 53. L’un s’appelle Bilal Hadfi, ressortissant français résidant en Belgique. Un passeport syrien au nom d’Ahmad al-Mohammad, à l’authenticité douteuse, a été retrouvé à proximité du corps du deuxième. Le dernier terroriste n’est pas connu. Au Bataclan, l’équipe de trois assaillants était composée de Samy Amimour et d’Omar Ismaïl Mostefaï, deux Français partis en Syrie. Le dernier membre du trio n’est pas identifié. Un portable retrouvé dans une poubelle près de la salle de concert a permis de découvrir un SMS envoyé à 21 h 42, renforçant la thèse d’une extrême coordination : «On est parti, on commence.» Le destinataire du texto n’est pas identifié.
La composition de la dernière équipe reste sujette à caution. Circulant dans une Seat noire, elle a tué plusieurs dizaines de personnes attablées dans des bars et restaurants du Xe arrondissement. Qui était dans le véhicule ? Des images de vidéosurveillance accréditent la présence de trois occupants, ce qui contredirait le communiqué de revendication de l’EI. L’organisation affirmait que huit de ses hommes avaient frappé le 13 novembre.

Empreintes

En réalité, ils pourraient être neuf. L’un d’entre eux est Brahim Abdeslam, 31 ans, qui s’est fait exploser au Comptoir Voltaire vers 21 h 40. Ses empreintes papillaires ont été retrouvées dans la Seat. Son frère Salah, 26 ans, est soupçonné d’être le huitième terroriste. Il pourrait avoir déposé le véhicule à Montreuil, avant d’être récupéré par deux connaissances de Molenbeek venues dans la nuit de Belgique. Ces deux individus ont été interpellés et inculpés par la justice belge. En revanche, Salah Abdeslam est toujours recherché par toutes les polices européennes. Quant au potentiel neuvième terroriste, François Molins n’a rien précisé à son sujet.
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